Tu vas pas muter : exposition de Nanténé Traoré à l’Agent Troublant

Nov 16, 2022 | Vernissage

Note d’intention de l’exposition de Nanténé Traoré

Tu vas pas muter est un projet photographique et documentaire, débuté en avril 2021, et réalisé à l’argentique (35mm). Il vise à archiver les différentes manières de faire communauté au sein des parcours de transition des personnes transgenres hormonées, en s’intéressant au geste de l’injection hormonale – seul.e ou à plusieurs. L’idée derrière ce projet est de pouvoir regarder autrement ce geste médical, à priori sommaire, mais qui encapsule de multiples manières de renouer avec son image, son corps, et son identité, tout en partageant des espaces privilégiés avec les membres de sa communauté.

Biographie de l’artiste

Nanténé Traoré est photographe et auteur. À la recherche d’une représentation juste des marges, son travail en noir et blanc ou en couleur s’attache à sublimer le quotidien des personnes qui passent devant son objectif. Particulièrement sensible aux représentations spécifiques des personnes trans*, ses portraits se détachent de tout sensationnalisme, cherchant plutôt à partager une intimité délicate, un quotidien dénué d’artifices.

En parallèle, ses explorations colorimétriques et de mise en scène créent des séries oniriques, à mi-chemin entre l’esthétique futuriste de Bertrand Mandico et l’iconographie de papier glacé des photographes de mode des années 80. Obsédé par l’imagerie des icônes, il sublime des corps quotidiens, les faisant basculer dans un univers irréel, transformant ses modèles en personnages de fiction. “Je voulais raconter la vie de mes amis, car je pensais que nous étions des héros” : cette phrase que signe Gabriel Gauthier dans son roman Speed peut résumer ce versant du travail du photographe, érigeant en héros et héroïnes les modèles qu’il fait poser sous ses gélatines.

Ces deux axes de travail majeurs, celui de l’archivage et celui de la mise en scène, cherchent tous deux à créer une documentation vivante du présent, et une nouvelle iconographie de l’intime.

Photo Nanténé Traoré Testosterone