Exposition : Le même songe sort de toutes les fontaines

Mai 30, 2022 | Vernissage

Présentation des artistes et de la proposition de projet d’exposition à l’Agent Troublant

Nous sommes Neila Czermak Ichti et Cassandra Naigre diplômé.es en 2021 des Beaux-arts de Marseille, Avel Plégat, diplômé d’illustration à l’Ecole Estienne et en 5e année des Beaux-Arts de Marseille, ainsi que Nina Boughanim et Nina Moulin, également étudiante en 5e année. Ninon Dorino diplomée d’un master d’urbanisme à Sciences Po Caen en partenariat avec l’ÉSAM Caen Cherbourg, nous accompagniera sur la mise en escpace des pieces dans la cave / gale- rie et rédigera le texte d’exposition. Tous.tes ensemble, nous sommes animé.es par le désir de partager notre travail plastique avec le public au sein de l’agent trou- blant. L’idée serait d’y présenter une réflexion collec- tive qui s’articulerait au travers de plusieurs médiums, notamment la sérigraphie, l’édition, la sculpture, le dessin, la peinture, la performance et la production d’œuvres in-situ.

La finalité de notre proposition serait un accrochage collectif au sein de l’espace « cave / galerie », espace que nous avons pu visiter récemment et que nous avons tous.tes beaucoup apprécié. En effet ce dernier est un lieu atypique qui sort de l’espace du white cube classique. Il nous a en effet semblé chargé de beau- coup d’histoires ; nous souhaiterions pour cette raison l’investir collectivement, et pouvoir y partager notre propre histoire. Nous aimerions faire de cette « cave » un lieu commun pour en inventer une toute nouvelle mythologie. Nous avons tous.tes les quatre un intérêt commun pour cette navigation entre le réel et l’imagi- naire, ainsi que tout ce qu’il existe entre et en dehors de ces deux zones.

Notre exposition s’articulerait autour de ques- tionnements sur la part variable d’étrangeté et de mysticisme, assumés ou non, qui peut apparaître en chacun de nous, et dans nos pratiques artistiques. Toutefois, les projets ne sont pas prédéfinis en totalité et figés car l’expérience du lieu et la rela- tion qu’il aura à notre travail sont très importants pour nous. Avel proposerait des sculptures en cé- ramique, des dessins et des peintures ; Neïla de la peinture

et du dessin, Cassandra de la peinture et une inter- vention dans l’espace ; Nina une sculpture ainsi que des gravures à la taille-douce ; enfin, Nina Moulin quelques une de ses belles peintures.

Nous avons également pour projet commun la réa- lisation de sérigraphies, ainsi qu’une édition / fan- zine qui alliera poésie, féminisme, identités queers, dessins, réflexions autour de nos pratiques, etc. Il nous semble important de pouvoir conserver cette rencontre entre nos cinq univers au sein d’un ob- jet imprimé. Nous restons à votre disposition pour toutes questions que vous pourriez nous poser et joignons ci-dessous de courts textes explicatifs sur la démarche artistique de chacun.e.

Présentation de l’exposition

Cette exposition ne sera pas notre centre.Cette exposition ne sera pas notre centre, elle sera notre rive, et cela, pour sortir des erreurs centralisatrices du champ de l’art français. Car, en effet, si la jeune création contemporaine s’éprouve comme multiple et diffractée en ses bords, c’est qu’elle est porteuse d’identités culturelles inédites résultant de la rencontre, de l’agglomérat et de l’entraide. Autrement dit, ici, c’est Marseille.Chaque artiste en présence a invité un·e autre, et ain-

si de suite, jusqu’à la rencontre de cinq personnes pressées, toutes liées par une école : les Beaux-arts de Marseille. Nina Boughanim, qui termine sa dernière année d’études, explore les thèmes du domaine de l’intime bercé par des allures mys- tiques. Elle organise et habite l’espace avec ses assemblages d’objets et ses pensées hybrides par lesquelles elle construit, accumule, et transforme. À ses côtés, elle a conviée son amie Cassandra Naigre, ancienne étudiante du même cursus ainsi que de l’École Boulle, dont les peintures naviguent, entre narration spatiale et poétique, dans des eaux troubles, étranges et dépeuplées. Peut être pour donner corps à ces nouveaux espaces, Cassandra a fait suivre l’invitation à Neïla Czermak Ichti, par laquelle sa famille, de sang et d’un ailleurs astral, peuple ses souvenirs et ses peintures. C’est à Avel Plegat qu’a pensé Neïla, avec qui elle partage une amitié et une certaine nostalgie. Celle qu’Avel appelle «Fernweh» : nostalgie des lieux loin- tains, mal du pays imaginaire, espérance d’un monde meilleur. Fernweh, c’est la naissance de bouts de réels observés et d’ir- réels espérés, mais aussi de créatures tangibles, vivantes, cassables dont les corps sont d’argile et de peau. C’est enfin avec Nina Moulin que la boucle se clôt. Ses peintures aux formes organiques, flottantes, coulantes tant elle les travaille maigre

et liquide, sont de ce fluide qui brûle la paume.Ensemble, ilxs naviguent entre le réel et l’imaginaire, ainsi que tout ce qui existe entre et en dehors de ces deux zones. Pour entrer dans l’exposition, pas besoin d’unx théoricienx, ni d’unx curateurx ou d’unx critique, seulement de la clé qui ouvre la porte de la cave. Un espace souterrain qui pousse probablement toute exposition à faire ses aveux, ni white cube ni vitrine ; est-ce une partie de maison, un débarras, un abri, une nouvelle ar- chéologie ? Cette pièce serait plutôt une étuve où exsudent les humeurs, une cuve purificatrice. Évaporation. Condensation. Écoulement. Les artistes dessinent les contours d’une sphère insaisissable des fluides, des zones troubles où ils exercent leurs fonctions vitales : le corps, le ciel, la pierre. Au rebours de récits alchimiques et scientifiques sur les fluides dont nous ne connaissons que peu tous les ressorts, les récits qui nous sont ici proposés n’ont pas de référence explicite. Ce sont des- possibilités de mythologies liquides.Je conclus qu’il faut qu’on s’entraide.

Ninon Dorino

À propos de Ninon Dorino

Après un Master d’urbanisme à Sciences Po Rennes, et une relation étroite avec les Beaux-arts Caen/Cherbourg qui lui appor- tera de nombreux savoirs-faire artistiques et de bonxs copainxs, elle souhaite désormais créer des expositions, accompagner les artistes et transmettre ce qu’elle porte.

À propos de Cassandra Naigre

Après des études en Agencement de l’Environnement Archi- tectural à l’École Boulle à Paris qui me prédestine au métier de dessinatrice en bureaux d’études, j’intègre les Beaux-Arts de Marseille. La peinture me permet de poursuivre l’intérêt que
je porte à la représentation des espaces, tout en m’éloignant
des nombreuses normes techniques et physiques. Mes pein- tures naviguent, entre réel et imaginaire, dans les eaux troubles d’une narration poétique, étrange, dépeuplée et mystique. Je m’interroge sur le temps du faire, sur la notion de la pérennité des constructions urbaines autant qu’à la pérennité des objets
et donc à celle de mes propres productions. Forte de cet élan,
je passe un an au sein de plusieurs laboratoires de restaura-
tion d’oeuvres peintes qui me permettent de réfléchir à des moyens plastiques et efficaces de rendre compte des couches d’histoires sédimentées qui m’entourent. Par la suite, j’apporte à mon travail une dimension plus sculpturale en renouant avec la construction et l’agencement, ou le ré-agencement, d’un espace. Je m’intéresse à la céramique et aux structures porteuses éphé- mères que l’on retrouve sur les chantiers. Tout a une légitimité à être construit. Tout peut devenir un point de départ. Un relevé d’ombres portées peut devenir un plan cadastral. Mon travail artistique s’attache à établir les coordonnées d’un nouvel espace, un lieu dans lequel la construction et l’imaginaire fonctionnent l’un avec l’autre, un lieu dans lequel on peut essayer de se sentir bien.

https://www.instagram.com/cassandranaigre/

Installations de Cassandra Naigre

À propos de Neïla Czermak Itchi

«Grâce à l’aide de ses souvenirs, et archives personnelles qu’ils s’agisse de photos de famille ou d’images tirées de films d’hor- reur et science-fiction, Neïla Czermak Ichti tente de recomposer dans ses dessins et peintures les moments simples du quotidien, ses rêves, et la manière dont ceux-ci sont ressentis/vécus . Principalement poussée par le besoin d’aussi bien garder des traces de la famille, ses espaces et les moments partagés en son sein, que des esprits, de la tristesse, des émotions sans noms, et tous ces autres membres de la famille qui peuvent paraître ‘‘invi- sibles’’.

Neïla Czermak Ichti est diplômée de l’École supérieure d’art et de design Marseille-Méditerranée. Elle a bénéficié de plusieurs expositions, collectives et personnelles, notamment au CAC Bré- tigny (Brétigny sur Orge) en 2021, à la galerie Anne Barrault (Pa- ris) et à la Galerie Édouard Manet (Gennevilliers) en 2020, ou à SISSI Club (Marseille) en 2018 et 2022.»

https://www.instagram.com/alienhabibti/

Travaux de Neïla Czermak Itchi

À propos d’Avel Plegat

Suite à un diplôme des métiers d’art spécialisé en illustration à l’Ecole Estienne, j’intègre en 2019 les Beaux-arts de Marseille, où je termine actuellement mon cursus de DNSEP.

Ma pratique principale est celle du dessin, qui vient nourrir toutes les autres; des images qui deviennent tatouages, peinture, vêtements, poèmes qui nous permettent de reprendre possession de notre corps, de

se rendre monstre, créature. En faisant peur, on se protège,
en se créant des symboles pour nous. Pour faire de notre propre

corps, les corps chelous, les corps
queers, les corps trans, les corps perdus, l’endroit du rêve.

De mon métier de tatoueur naissent des réflexions autour de la nécessité de prendre soin des choses, de comment composer avec le corps de chacunx, la force que les images prennent une fois dans la peau; comment faire s’imbriquer des éléments qui trouvent un autre sens une fois réunis, réfléchir la composi- tion entière du corps comme lieu de tous les pos- sibles.

https://www.instagram.com/avel_supers- tar/

Travaux d’Avel Plegat

À propos de Nina Boughanim

Mon travail tends vers un recit autobiographique, un regard sur le monde qui m’entoure, celui que je comprends ou que je sup- pose comprendre.
La sculpture, le dessin, la gravure et l’écriture sont des lieux qui rythment mes recherches et mon travail. J’explore les thèmes du domaine de l’intime bercé par des allures mystiques. Entre réel et fiction, je travaille des histoires qui racontent mes émotions, souvenirs, angoisses et peurs du futur. Tout ce qui peut marquer mon regard va inspirer mes choix. Dans mon processus créatif les images se fixent dans ma tête et je vais par la suite faire le choix de les projeter sur le papier, le cuivre ou bien de les mettre en volume. De manière désinvolte, je combine différents maté- riaux en utilisant différentes échelles. J’organise et habite l’es- pace avec mes assemblages d’objets. Je leur donne un caractère étrange et ils deviennent des pensées hybrides avec lesquelles

je construis, accumule, et transforme. Dans mes sculptures, l’ins- tallation est partie prenante de mon processus. Je la joue comme une mise en scène de l’espace ou des gestes simples vont se ré- péter comme celui de nouer, suspendre, attacher, verser, mouler, graver. C’est un rituel qui m’est propre et dans lequel je construis un univers plastique qui laisse à imaginer. Rien n’est figé même ce qui est immobile. Mon histoire est rythmée par les fantasmes d’une petite fille qui a la tête dans la lune et qui se souvient d’ histoires qui l’ont marquée à vie. L’esprit qui s’évade et tend vers une vie secrète et magique dans laquelle elle essaie de fuir ce monde dystopique, mais le réel brutal la rattrape et se mêle à ses divagations sensibles. Un ensemble d’images de formes et de mots expulsé par nécessité. Dans une production constante qui ne s’arrêtera peut-être jamais

https://www.instagram.com/nina.boughanim/

Installations artistiques de Nina Boughanim

À propos de Nina Moulin

Après des études de stylisme, j’ai continué ma recherche picturale autour du motif, de la couleur et des gestes du faire en étudiant aux Beaux-Arts de Marseille.
Mes recherches m’ont menées vers la sérigraphie et la peinture, sur papier comme sur tissu ou toile.

En peinture, comme en sérigraphie, j’utilise la répétition
de formes et de gestes pour créer un motif ou une image. Lorsque j’ai commencé à peindre, je peignais des formes rondes plus ou moins pleines et opaques qui se confon- daient avec le fond, s’entremêlaient avec d’autres éléments plus linéaires. Je concevais pour moi des atmosphères,
des mondes invisibles. Je ne fais pas de croquis prépara- toire, je pars généralement d’une couleur, d’un geste, d’une ambiance qui me traverse comme un ciel bleu noir et une forêt de châtaigniers dans les Cévennes, la lueur violacée d’une fin de journée sur les roches des Calanques. Je peins des formes organiques qui peuvent rappeler les mondes marins, les végétaux, les minéraux, les zooms microsco- piques. Mais je m’inspire aussi des objets du quotidien comme les céramiques qui m’entourent, les motifs des vê- tements dans ma penderie, la tapis sur lequel je suis as- sise. Ma peinture est flottante, coulante tant je la travaille liquide et maigre. J’utilise des pigments, de l’acrylique et de l’huile ainsi que des peintures en aérosol, j’alterne et je mets en tension la brillance de certains de mes liants avec l’aspect mat et opaque de d’autres matériaux. Mes toiles sont libres, découpées ou sur châssis. Mais le plus souvent le textile aux bords francs est laissé libre, suspendu en extérieur. Je produis volontiers des pièces in situ, comme en 2021 lors d’une exposition dans une jardinerie, j’ai re- pris les couleurs des fleurs qui y étaient cultivées pour
une série de toiles. Sur papier, je travaille essentiellement sur rouleaux, ce qui entraîne une succession d’éléments comme un inventaire de gestes picturaux infini. «

https://www.instagram.com/ninanoutchka/

Travaux artistiques de Nina Moulin