Une salade cela ne se photographie pas, ça se mange ! C’est ce que j’aimerais dire à Lendohn quand je le rencontrerai à Marseille. Car avec un certain humour il prend plaisir à nous faire voir ce que l’on n’approche pas ou ce qui nous fait détourner le regard. Mais l’étrangeté onirique de ses photos provoque en chacun de nous, non pas le dégout, mais la curiosité. Et quel curieux ne se transforme pas en voyeur lorsque la tentation s’intensifie ? Voilà ce qu’il fait de nous, de simples mateurs tombés amoureux d’un postiche. Je me permets de dire postiche, car à mes yeux la photo est fausse mais le model est vrai. Et au sein de ce concubinage nait ce sentiment agréable de dépossession qui nous ramène à ce qu’est la Photographie, faire voir. Si il y a alors dans ses photos une relation tacite entre regardé/regardeur, il m’est impossible de définir qui regarde qui, est ce Lendohn, eux ou moi. Dans l’étroitesse du couple, les make-ups coulent et les sun-lights s’éteignent, l’homme paradant trébuche. Si il est question du regard, il est aussi question d’un corps, d’un corps soumis à l’ambiguïté de ce qu’est être pris en photo. D’un corps en train de faire, faire quoi ? Que faisait-il ? Que fera-t-il ? Comme des images presque trop figées pour des corps en ébullitions. Et de cela, j’en retiendrai cette frustration ressentie par Lendohn d’un film qu’il ne ferait jamais sur ce qu’il aime photographier. Et c’est dans cette insatisfaction qu’il met en exergue les limites de la photographie.

Par Theo Pall

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